Notre spécialité : le traitement des addictions

ADDICTIONS : de quoi s’agit-il ?

L’addiction se caractérise par l’impossibilité répétée de contrôler un comportement et la poursuite d’un comportement en dépit de la connaissance de ses conséquences négatives. Le terme addiction désigne un comportement, plus qu’un produit. Ce n’est pas le produit qui signe l’addiction, mais l’utilisation qui en est faite.

Il existe des addictions avec produit et sans produit. Dans tous les cas, on retrouve dans l’addiction des polyconsommations, des voies neurobiologiques communes, des facteurs de vulnérabilité communs dont certains sont génétiques, et des prises en charges communes.

Il s’agit d’une maladie chronique, dont l’évolution se fait sur plusieurs années, qui peuvent être ponctuées par des épisodes de rechute.

L’alcool est responsable de 49 000 décès par an en France, le tabac 78 000 selon les données épidémiologiques les plus récentes.

La pyramide de Skinner permet d’évaluer simplement le niveau de risque : 

pyramide de Skinner

Qu’est-ce qu’une personne alcoolo-dépendante ?

Les personnes alcoolo-dépendantes et ceux qui ont un usage nocif présentent des signes cliniques. L’évolution vers l’alcoolo-dépendance est favorisée par les antécédents familiaux, un début de consommation précoce, une pathologie psychiatrique associée, la désocialisation, la rupture scolaire. Souvent, on ne nait pas addict.

Quelles sont les causes de l’addiction ?

C’est le résultat de l’interaction entre un individu, un produit, un environnement. Il existe des facteurs prédisposants au niveau de l’individu : faible estime de soi, recherche de sensation, difficulté à résoudre les problèmes, faible évitement du danger… L’environnement, les facteurs culturels et familiaux jouent aussi un rôle important en ce qui concerne la disponibilité du produit, l’initiation.

Le pouvoir addictif des produits est variable, et dépend plus du mode de consommation que du produit en lui-même (le tabac, l’héroïne, la cocaïne et l’alcool arrivent en tête). Il est important de savoir que l’addition des produits conduit à une multiplication des risques pour notre santé psychique et somatique.

Adolescence, grossesse, deux périodes clés

L’adolescence est une période de vulnérabilité au cours de laquelle les comportements à risque sont facilités et les premières expériences se situent souvent entre 15 et 25 ans. L’usage précoce de substances psychoactives est un facteur favorisant l’apparition de l’addiction.

La grossesse est aussi un moment particulier au cours duquel la consommation d’alcool et de toute autre substance (tabac, cannabis, cocaïne ...) doit être interrompue. Il parait crucial de consulter un professionnel avant ou pendant cette période.

Pourquoi persiste-t-on dans l’addiction ?

La consommation du produit est responsable de la libération d’un neuromédiateur au niveau du cerveau : la Dopamine. Celle-ci procure une sensation de plaisir et de récompense. Chez un sujet non dépendant, il existe un équilibre entre les différents circuits, qui permet d’agir de façon adaptée. Chez le sujet dépendant, l’effet de la récompense est sur-évalué et entraine  un passage à l’acte et une perte du contrôle de la consommation.

 Au départ, le sujet consomme pour obtenir une sensation de bien-être (ce que l’on appelle le renforcement positif ou « envie »), puis l’effet du produit s’estompe, il est alors nécessaire d’augmenter les doses pour obtenir la sensation positive : c’est le phénomène de tolérance. Puis, Le sujet peut alors consommer pour éviter la sensation désagréable du manque (ce que l’on appelle le renforcement négatif ou « besoin »).

Quelles sont les conséquences des addictions ?

Les addictions non traitées ont des conséquences importantes, à court terme et à long terme. En particulier, la consommation excessive d’alcool est responsable de nombreux cancers : cancers ORL et du foie, mais aussi du sein et du côlon. Pour certains d’entre eux, l’association avec le tabac multiplie le risque de façon importante. Mais l’alcool est aussi responsable de troubles cardiaques, de maladie du foie, de la peau, de troubles sexuels. Pratiquement tous les organes peuvent être touchés. Les infections virales, surtout par le VHC notamment sont très fréquentes chez les consommateurs de drogues par injection ou par voie nasale.

En dehors des complications somatiques, les conséquences psycho-sociales ont un impact majeur sur la vie des personnes malades et leur entourage : désinsertion, isolement, violence, conséquences économiques, délinquance, etc.

A long terme, l’absence de traitement conduit à la maladie, l’isolement et à la désocialisation.

Comment traiter les addictions ?

La prise en charge de l’addiction est multiple, elle repose sur les traitements médicamenteux et la prise en charge psychosociale est indispensable. Les médicaments agissent différemment selon qu’ils accompagnent le sevrage, aident à l’abstinence ou à la réduction de la consommation,  réduisent le risque de rechute.

La prise en charge peut se faire en hospitalisation en psychiatrie ou en soins de suite, en traitement ambulatoire, en consultation avec un addictologue, psychiatre, en partenariat avec le médecin traitant, avec l’aide des associations. Le parcours de soins doit s’adapter à la situation de chaque patient. Il n’y a pas de meilleur traitement que celui qui est partagé entre le patient et le thérapeute.

Cependant, la majorité des sevrages se font en dehors du cadre sanitaire, ce qui signifie que l’individu est équipé pour se soigner et qu’il suffit parfois de faire appel à ses propres compétences pour guérir. La motivation est dans tous les cas un facteur essentiel à la réussite du traitement.

Abstinence ou consommation contrôlée ?

L’objectif de consommation contrôlée ne peut pas s’appliquer à tous les patients. Pour certains, et comme le recommande la majorité des associations, seule l’abstinence permettra de guérir. Pour autant, la réduction de la consommation a toujours du sens car elle permet une réduction des risques et des dommages, et cela peut-être une étape intermédiaire ou un mode d’entrée vers le soin.

Il semble que l’abstinence soit malgré tout aujourd’hui le meilleur traitement pour améliorer la qualité de vie des patients.

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